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désir mal éteint chez lui de peindre la figure, et d’essayer de s’illustrer dans cette branche de l’art, lui fit aussi entreprendre quelques médaillons de Madones ; mais le séjour de Florence lui ayant déplu, il se transporta à Venise où il aida Giorgione da Castelfranco à décorer l’entrepôt des Allemands. Les plaisirs de tout genre qu’il trouva dans cette ville l’y retinrent long-temps. Il alla ensuite travailler dans le Frioul ; mais bientôt après il endossa l’habit militaire, fut nommé capitaine de deux cents soldats, et rejoignit l’armée vénitienne qui était à Zara, en Esclavonie. Poussé par la noble ambition de se distinguer dans ce nouveau métier encore plus que dans celui qu’il avait quitté, Morto donna un jour valeureusement en avant dans une chaude escarmouche, et resta mort sur le champ de bataille, à l’âge de quarante-cinq ans.

Le nom de Morto vivra éternellement comme tous ceux que protègent des chefs-d’œuvre, et que l’histoire reconnaissante a enregistrés dans ses annales.

Le Morto se rapprocha, dans ses grotesques, de la manière antique plus que tout autre peintre, et à ce titre mérite les plus magnifiques éloges ; car c’est en partant du point où il les a conduits que Giovanni d’Udine et divers artistes en ont tiré tout le parti que l’on connaît. Et, quelle que soit l’extrême perfection où Giovanni d’Udine, et d’autres avec lui, ont poussé ces peintures que l’on appelle grotesques parce qu’on les trouva pour la plupart dans les grottes des ruines de Rome, il n’est pas moins