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tions couvertes de magnifiques grotesques peints et moulés en stuc, il courut y passer plusieurs mois. À Campana, qui est un endroit plein de tombeaux antiques, il ne laissa rien sans le dessiner, et il en fut de même pour les temples et les grottes qu’il rencontra à Trullo, dans le voisinage de la mer. Enfin il alla à Baia et à Mercato di Sabato où se trouve une foule de ruines curieuses. C’est ainsi qu’à force de recherches et de constance il acquit un remarquable talent.

De retour à Rome il étudiait depuis quelque temps la figure, genre dans lequel il était moins habile que dans celui des grotesques, lorsqu’il partit subitement pour Florence où l’attirait l’immense renommée des cartons de Léonard de Vinci et de Michel-Ange Buonarroti. Mais, dès qu’il eut contemplé ces chefs-d’œuvre, il désespéra de jamais parvenir dans cette voie aussi loin que dans celle qu’il avait déjà parcourue, et il s’en tint à ses grotesques.

Morto fut hébergé et choyé à Florence par Andrea di Cosimo Feltrini. Ce jeune peintre goûta les ouvrages de notre artiste, les imita, et finit par surpasser son maître, comme nous le dirons tout à l’heure. Grâce à lui, Morto fut chargé, par le gonfalonier Fier Soderini, d’orner la salle du palais de grotesques qui, malgré leur mérite, furent détruits et remplacés par d’autres lorsqu’on restaura les appartements du duc Cosme. Morto exécuta encore à Florence un très-bel escalier pour Maestro Valerio, frère Servite, et plusieurs tableaux de grotesques fantasques pour une chambre d’Agnolo Doni. Le