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ces moines, il courut à la hâte au couvent, monta sur l’échafaud qui allait être enlevé, s’empara d’un marteau de maçon, mutila les têtes de plusieurs femmes, celle de la Vierge, et détacha presque entièrement de la muraille l’homme nu qui brise un bâton. Il aurait impitoyablement poursuivi son œuvre de destruction, si des moines, attirés par le bruit, ne l’eussent arrêté de force. Plus tard on lui offrit le double du prix stipulé pour qu’il réparât le dégât ; mais, toujours animé d’une égale colère, il s’y refusa constamment, et aucun autre peintre ne voulut s’en charger, par respect pour lui. Cette fresque est donc restée dans le même état jusqu’à nos jours. Elle est exécutée avec tant de soin et d’amour, elle brille d’une telle fraîcheur, que le Franciabigio peut être regardé comme le plus habile maître de son temps en ce genre.

Il fit ensuite un Crucifix et quelques Saints dans un tabernacle, à Rovezzano, hors de la porte alla Croce de Florence, et un Cénacle, à San-Giovannino, à côté de la porte de San-Pier-Gattolino.

Peu de temps après, Franciabigio fut choisi par la confrérie dello Scalzo pour continuer la décoration de la galerie où Andrea del Sarto, qui venait de partir pour la France, avait commencé à peindre en clair-obscur l’histoire de saint Jean-Baptiste. Franciabigio représenta alors, dans deux compartiments, le Précurseur prenant congé de son père Zacharie, avant de quitter le toit paternel, et sa rencontre dans le désert avec l’Enfant Jésus, saint Joseph et Marie (3). Sur ces entrefaites, Andrea del