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Dominiquin, des Guerchin, des Guide, des Garavage, de l’Albane, du Spada, de l’élite de tous ces talents incontestables, engagés dans les errements de la décadence, nous témoigne hautement cet esprit de discorde et de brigue particulier à cette école. Nous sommes assurément loin de vouloir assigner pour motif, à cette disposition fâcheuse des peintres bolonais, le caractère natif et national, mais nous ne saurions non plus expliquer cette direction constante de leur esprit, constituant assurément un fait général, par la rencontre fortuite de quelques individualités aigres et récalcitrantes. Évidemment ici les hommes ont été menés par les choses, et leurs caractères ont été façonnés par les circonstances. La ville de Bologne vit son importance et son activité s’accroître dans les temps où le travail héroïque et les fécondes occurrences de l’Italie cessèrent décidément. Bologne, ville savante, riche, populeuse et centrale, devint tardivement le grand foyer où toutes les tendances de l’Italie et toutes les acquisitions intellectuelles vinrent se concentrer, après avoir fourni chacune, sur son sol et dans son indépendance, ses meilleurs fruits. L’éclectisme, avec toutes ses irrévérences, toutes ses tiédeurs, tous ses dépits et toutes ses lâchetés, vit tout s’y corrompre et tout s’y dissoudre au milieu des disputes vaines et des molles recherches dont il était seul capable. Est-il étonnant que le caractère et les mœurs des hommes se soient ressentis d’un tel milieu ? Mais ce mouvement rétrograde et ruineux qui, du temps du Bologna, pouvait déjà peut-être se faire aperce-