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ment fou quand il les avait vendues ; mais je n’affirme pas que cela soit vrai, je me contente de répéter ce que maintes fois j’ai entendu raconter.

Amico s’appliqua aussi à la sculpture. Il exécuta de son mieux, dans l’église de San-Petronio, un groupe en marbre représentant le Christ mort soutenu par Nicodème.

Amico peignait des deux mains à la fois et avec deux pinceaux, l’un destiné aux tons clairs, l’autre réservé aux tons obscurs. Mais le plus curieux, c’était de le voir entouré d’une ceinture garnie de godets pleins de couleurs, ce qui lui donnait la tournure du diable de saint Macaire avec toutes ses fioles. Lorsqu’il travaillait ainsi affublé, avec ses lunettes sur le nez, et qu’il était en train de bavarder, il aurait fait éclater de rire un rocher. Rien n’était plus amusant que de l’entendre caqueter à tort et à travers, et débiter les billevesées les plus extraordinaires du monde. À la vérité, il ne lui arriva jamais de dire du bien d’une seule personne, si vertueuse, si bonne ou si haut placée qu’elle fût.

Il aimait tant à jacasser, qu’un soir, vers l’heure où l’on sonne l’Ave Maria, ayant rencontré un peintre bolonais qui venait d’acheter des choux au marché, il s’empara de ce pauvre homme par des contes si plaisants, qu’il le retint jusqu’au lendemain matin sous la loggia du podestat. Alors seulement il le lâcha en lui disant : « Ah çà ! mais, mon brave, il me semble que tu vas laisser passer l’heure de cuire tes choux. » Il se rendit coupable d’une foule d’autres drôleries que j’omets pour arriver à Girolamo de