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Maintenant, il nous reste, pour ne commettre ici ni injustice ni oubli, à faire remarquer qu’on aurait tort de reporter entièrement à Raphaël la fécondité des exemples et l’efficacité des inspirations, qui formèrent si rapidement et portèrent si haut le talent de Polydore. Tout en devant être compté parmi les élèves de Raphaël, qui l’initia, le dirigea et l’occupa, Polydore procède surtout de Baldassare Peruzzi, de cet homme de science, de génie et de caprice, pour le talent et les infortunes duquel nous avons témoigné, si on se le rappelle, toute notre admiration et toute notre sympathie. Baldassare Peruzzi est l’homme qui mit en œuvre le plus fortement et le plus heureusement, dans les temps modernes, les puissances réunies des trois arts du dessin. Dans cette forte combinaison, sans blesser aucune utilité ni aucune convenance, il sut faire valoir les affections de nos trois arts à la fois. Baldassare créa comme un art nouveau l’art de la décoration, art auquel l’architecture donne les précieux rapports de la science et de l’ordre, auquel la sculpture fournit les grands et lisibles caractères de la beauté et de la pureté des formes, et auquel la peinture prodigue tous les trésors de vie, d’impulsion, de mouvement, de richesse, de variété. Cette combinaison, si intelligemment élaborée, si puissamment cimentée, du Peruzzi, servit de champ aux plus beaux talents dans tout le cours du seizième siècle.

Polydore de Caravage et Mathurin de Florence, avec une exécution plus spéciale, mais aussi avec