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introduisant une foule de costumes et d’ornements variés dans ses tableaux, et en peignant toutes sortes de figures, d’animaux, de fabriques, de grotesques et de paysages, si beaux qu’après sa mort il fut imité par tous ceux qui ambitionnèrent un talent universel : aussi les artistes lui doivent-ils une profonde reconnaissance.

Sa vie nous offre cet effrayant exemple de l’instabilité de la fortune, qui, après avoir poussé un homme au plus haut degré de talent dans un art, le condamne à finir misérablement à l’instant même où il s’attendait à jouir du prix de ses travaux. Ainsi, autant la peinture peut se louer de Polidoro, autant il peut se plaindre de la fortune, qui lui sourit un moment pour le conduire ensuite, de la manière la plus imprévue, à une mort douloureuse (12).



Polydore de Caravage, manœuvre sans ressources et sans instruction première, n’eut besoin que de son génie, et des regards que l’affable Raphaël lui permettait de jeter dans son atelier, pour monter au premier rang. Fortuite éducation, qui, si merveilleuse qu’elle nous paraisse, n’en a pas moins été celle d’un grand nombre d’artistes justement célèbres en Italie. Qu’on s’informe s’il se produit et peut se produire aujourd’hui de tels miracles dans aucune de nos académies, dans aucun de nos ateliers. Cette remarque, comme tant d’autres qu’on a