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rents endroits. Il s’appliqua aussi à l’architecture, et donna des preuves de son talent en ce genre. Lorsque Charles-Quint passa par Messine, après la victoire de Turin, il éleva, en l’honneur de ce prince, de magnifiques arcs de triomphe, qui lui valurent de l’honneur et de riches récompenses. Cependant, brûlant du désir de revoir cette Rome dont le souvenir poursuit sans cesse tous ceux qui, après l’avoir habitée long-temps, vivent sur une autre terre, il peignit à l’huile un dernier tableau d’un excellent coloris, représentant le Christ marchant au Calvaire en compagnie des larrons, et au milieu d’une immense affluence de soldats, de Pharisiens, de cavaliers, de femmes et d’enfants. Cette composition est si admirablement ordonnée, que l’on dirait que la nature elle-même y a présidé.

Après avoir achevé ce tableau, Polidoro tenta à plusieurs reprises de partir de Messine ; mais chaque fois il se laissa retenir par les caresses et les douces paroles d’une femme qu’il aimait depuis plusieurs années. Néanmoins, l’impatience de revoir Rome et ses amis fut si forte, qu’un beau jour il alla chercher à la banque une grosse somme qu’il y avait déposée, et prépara tout pour son prochain départ. Il avait depuis long-temps un valet messinois qui songeait moins à le bien servir qu’à le voler. Dès que le bandit eut vu l’argent retiré de la banque, il résolut de s’en emparer la nuit suivante, en assassinant son maître avec l’aide de quelques complices. Ces scélérats l’assaillirent donc pendant son sommeil, l’étranglèrent, et le percèrent de coups de poignard.