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dessinassent et n’introduisissent dans leurs clairs-obscurs (3). À force de volonté et d’application, ils s’approprièrent le goût antique avec un si égal succès, qu’il était impossible de distinguer les productions de l’un de celles de l’autre, bien que Maturino eût moins de facilité naturelle que Polidoro.

Sur une façade de la place de Capranica, ils peignirent les Vertus théologales, et au-dessous des fenêtres, une frise où l’on voyait Rome sous la figure de la Foi, armée du calice et de l’hostie, et recevant les tributs de tous les peuples, tandis que les Turcs, convertis, détruisent le tombeau de Mahomet, conformément aux paroles de l’Écriture qui annoncent qu’au jour suprême il y aura un seul troupeau et un seul pasteur  (4).

Personne n’égala jamais la richesse d’invention que Polidoro et Maturino déployèrent dans leurs compositions, comme le témoignent l’empressement avec lequel les peintres étrangers viennent les étudier, et la préférence que les dessinateurs leur accordent à Rome sur les autres peintures ; aussi peut-on dire qu’ils ont été plus utiles à l’art, que tous les maîtres qui se sont succédé jusqu’à eux depuis Cimabue.

Ils firent deux façades en sgraffito, l’une dans le Borgo-Nuovo, l’autre au coin de la Pace. Sur la maison des Spinoli ils représentèrent la mort de Tarpeïa, des sacrifices et des combats de lutteurs, et près de la Torre-di-Nona, vers le pont de Sant’-Angelo, le Triomphe de Camille  (5) et un sacrifice antique. Dans la rue qui conduit à l’Imagine-di-Ponte, ils