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mena à Sienne, et de là à Rome où allait aussi la duchesse Leonora. Notre artiste, grâce à la bienveillance du duc, non-seulement vit ses réclamations satisfaites, mais encore reçut du pape un bon traitement pour terminer la loge qui est au-dessus de celle de Léon X, et pour retoucher ensuite toute cette dernière loge. Ces retouches à sec eurent le grave inconvénient de faire disparaître les touches pleines de verve, de fraîcheur et de hardiesse qui donnaient tant de prix à cette production du meilleur temps de Giovanni.

Après avoir achevé ce travail, Giovanni mourut, en 1564, l’âge de soixante-dix ans. Il rendit son âme à Dieu dans cette noble ville où il avait joui si long-temps d’une considération éclatante et bien méritée.

Il vécut constamment en bon chrétien, mais surtout sur ses derniers jours. Dans sa jeunesse, il ne prit guère d’autre plaisir que celui de la chasse. Il avait alors coutume de partir les jours de fête avec un valet, et de s’enfoncer de dix milles au moins dans les campagnes de Rome. Il tirait parfaitement l’escopette et l’arbalète, aussi était-il rare qu’il revînt chez lui sans que son valet fût chargé d’oies sauvages, de ramiers, de canards, et en un mot de toutes sortes de pièces de gibier que l’on rencontre dans ces marais. On prétend qu’il fut l’inventeur du bœuf de toile peint, dont on se sert pour tirer sans être aperçu par le gibier. De même que tous les grands chasseurs, Giovanni aimait à s’entourer de chiens et à les élever lui-même.