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où se trouvent les divines sculptures de Michel-Ange. Giovanni se mit à l’œuvre, et conduisit sa tâche à bonne fin avec l’aide de ses élèves ; mais il commit une erreur que nous devons relever. Il parsema les côtés de la voûte de plantes, d’oiseaux, de mascarons et de figures que l’on ne peut apercevoir d’en bas, parce qu’il les jeta sur un fond de couleur qui les assombrit et les appauvrit (5). Il ne lui fallait guère plus de quinze jours de travail pour achever cet ouvrage, quand la nouvelle de la mort de Clément VII l’arrêta en lui enlevant tout espoir d’obtenir la récompense qu’il attendait de ce pontife. Ayant compris, quoique un peu tard, combien sont trompeuses les promesses des grands, et combien on a tort de compter sur la vie des princes, il revint à Rome. Il lui aurait été facile d’y vivre avec les produits de quelques offices, et d’entrer au service du cardinal Hippolyte de Médicis et du nouveau pontife Paul III, s’il n’eût préféré retourner dans sa patrie. Il alla, en effet, habiter à Udine avec son frère auquel il avait donné le canonicat de Civitale. Il avait juré de ne plus toucher un pinceau ; mais, comme il avait femme et enfants, il fut presque forcé de se remettre au travail par l’instinct qui commande d’élever ses enfants et de les laisser dans l’aisance.

Il peignit donc, à la prière du père du chevalier Giovan Francesco di Spilimbergo, une frise pleine de festons, d’enfants, de fruits et d’autres fantaisies. Il orna ensuite de stucs et de peintures la chapelle de Santa-Maria de Civitale, et fit deux beaux étendards