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cardinal Jules, qui avait ordonné l’entreprise. À côté de cette salle, Giovanni couvrit une petite voûte de stucs et de peintures qui, par la hardiesse de leur exécution, par la richesse et la variété de leurs motifs, plurent aux maîtres florentins d’alors sans cependant les satisfaire complètement, et cela se conçoit : rien n’était plus en opposition avec leur habitude de ne jamais procéder sans la nature. Aussi n’essayèrent-ils point d’imiter Giovanni ; mais peut-être ne s’en sentaient-ils pas le courage.

De retour à Rome, Giovanni fit, le long des arêtes des pendentifs dans la loge d’Agostino Ghigi, peinte par Raphaël, des festons, assemblages de fleurs, de plantes et de fruits de toutes les saisons, et de tant d’espèces différentes, que, faute de pouvoir les énumérer un à un, je suis obligé de me borner à dire qu’on y voit tous ceux que la nature produit dans nos contrées. Au-dessus d’un Mercure s’élevant dans les airs, notre artiste, pour désigner Priape, imagina de représenter une courge, entortillée de liserons, armée de deux aubergines en guise de testicules, et pénétrant avec sa fleur dans une grosse figue fendue. Cette idée bizarre est exprimée avec une grâce qui ne laisse rien à désirer. J’ose affirmer que, de tous ceux qui ont le mieux réussi à contrefaire avec le pinceau les productions de la nature, aucun n’a surpassé Giovanni ; car il a rendu avec une vérité incroyable les moindres détails, jusqu’aux fleurs du sureau et du fenouil. Dans les champs des lunettes environnées par ces festons, Giovanni plaça plusieurs enfants tenant les attributs des dieux. On y voit encore