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glioni, qui le plaça parmi les élèves de Raphaël d’Urbin, son intime ami. Giovanni puisa à cette école d’excellents principes, ce qui fut très-heureux pour lui ; car, une fois que l’on a pris une mauvaise méthode, rien n’est plus difficile que de s’en débarrasser. Giovanni, étant donc resté fort peu de temps à Venise sous la direction du Giorgione, résolut de suivre la belle et gracieuse manière de Raphaël. Les résultats qu’il obtint répondirent à ses désirs. Il parvint promptement à dessiner et à peindre avec tant de facilité, qu’aucun de ses condisciples ne réussit mieux que lui à retracer les animaux, les draperies, les instruments, les vases, les paysages, les fabriques et les végétaux. Il se plaisait surtout à représenter des oiseaux de toutes les espèces, à ce point qu’il en remplit un livre qui était pour Raphaël un véritable délassement. Il y avait alors auprès du Sanzio un Flamand nommé Jean, qui excellait à peindre d’après nature les fruits, les feuillages et les fleurs, bien qu’on pût lui reprocher un peu de sécheresse et de raideur. Il enseigna ce qu’il savait à notre artiste, qui ne tarda pas à le surpasser par l’harmonie et la suavité de son coloris. Giovanni apprit en outre à faire des ruines et des paysages dans la manière qui a été usitée après lui, non-seulement par les Flamands, mais encore par les Italiens.

Raphaël aimait beaucoup le talent de Giovanni. Il le chargea d’exécuter, dans son tableau de sainte Cécile qui est à Bologne, un orgue que l’on croirait en relief et tous les instruments de musique qui sont aux pieds de la sainte. Giovanni traita ces acces-