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l’Ariosto contribua plus à la gloire du Dosso que toutes les couleurs et tous les pinceaux usés par cet artiste pendant sa longue existence. Aussi je confesse que c’est un immense bonheur d’être célébré par un grand homme, dont l’autorité suffit pour sanctionner des éloges même immérités.

Le Dosso, favori d’Alphonse, duc de Ferrare, qui aimait son talent et son caractère, passa en Lombardie pour le premier paysagiste à fresque, à l’huile ou à la détrempe, surtout depuis que l’on connut la manière allemande. Il fit un très-beau tableau à l’huile dans la cathédrale de Ferrare, et décora plusieurs salles du palais ducal en compagnie de son frère Battista avec lequel il vivait dans une guerre perpétuelle, quoique le prince l’obligeât à peindre toujours avec lui. Les deux frères peignirent dans une cour du même palais l’histoire d’Hercule et une multitude de figures nues. Ils laissèrent de nombreux ouvrages à fresque et à l’huile dans la ville de Ferrare, et à Trente, dans le palais du cardinal Madruzzi, où ils travaillèrent concurremment avec plusieurs autres artistes. La cathédrale de Modène possède un de leurs tableaux.

À la même époque, Girolamo Genga fut chargé par François-Marie, duc d’Urbin, de décorer le palais de l’Imperiale (10). Dosso et Battista furent appelés pour y peindre des paysages ; aussitôt leur arrivée, ils se mirent à critiquer amèrement les ouvrages de Francesco di Mirozzo de Forli, de Raffaello dal Colle et des autres peintres qui avaient déjà travaillé dans le palais. Ils promirent monts et