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les deux factions contendantes sortent de la même souche : les mêmes études piteuses et molles les ont nourries. Issues également d’une éducation étique, elles enseignent, chacune à son troupeau, et au besoin enseigneraient à l’univers entier, la méthode qu’elles-mêmes ont reçue, sans se soucier des lacunes qui s’y remarquent et sans s’efforcer d’y suppléer. Nous le répétons à la jeunesse, voilà pour la moralité. Ces discussions passionnées, ces grands mots des convictions exclusives, qu’on agite comme des drapeaux quand on va en guerre, ou qu’on fait étinceler et qu’on plante comme des fanaux sur les rives escarpées de l’art, ne sont que de fastueux haillons jetés par calcul sur un enseignement difforme, une esthétique tronquée et une pratique ridicule. Éducation sainte et féconde de l’artiste, on l’a promise à notre jeunesse comme on la promet à la vôtre ; on ne nous l’a point donnée, on ne vous la donnera pas. Et ce cri de la conscience, si vous savez l’entendre, vaut seul de longues années passées dans l’atelier des coloristes ou dans le sanctuaire des dessinateurs. L’éducation n’existe pas aujourd’hui : il suffit, pour s’en convaincre, de sonder l’œuvre d’un seul des anciens maîtres. Pensez à celle d’Andrea, chez qui éclatent à la fois tant de force naïve et de noble sérénité. L’éducation n’existe pas. Le premier besoin de la jeunesse, qui la rend siintéressante, cette honorable propension à se confier et à vénérer qui la guide, aboutit à la livrer à qui l’énerve et la châtre. L’école de la couleur a pour signe particu