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comprendre devant l’œuvre de ce grand homme ? Une fausse intelligence des rapports qui lient entre eux le dessin et la couleur a fait naître, au sein des études contemporaines, les dissensions et les querelles de prééminence les plus mesquines et les plus inutiles. Rien d’étonnant, sans doute, à ce que l’étudiant se passionne tout d’abord pour l’un ou pour l’autre des sophismes régnants, qui se traitent avec une fureur égale comme deux principes opposés et contradictoires. Mais si cela n’a rien d’étonnant, il le serait plus encore qu’on n’osât pas dire quelque chose de net et de clair sur la réalité et la moralité de ces débats, où la jeunesse, qu’on y tiraille, est follement dépensée. Et d’abord, une observation importante, c’est que ces deux camps ne se développent pas, dans leur rivalité et leurs prétentions, sur le sage parallélisme que la prudente théorie assigne à leurs prétendus principes en les distinguant. Dans l’innocente théorie, la forme ne nie pas à la couleur son existence et sa valeur, et réciproquement. Pourquoi donc coloristes et dessinateurs prétendent-ils s’exclure, et se montrent-ils plus intolérants et inconciliables que leurs principes mêmes ? L’incompatibilité des ambitions et des inté· rêts est donc ici mieux écoutée que l’incompatibilité des doctrines. Dans l’art ancien, rien de pareil, quoi qu’on en puisse dire. Voilà pour le fond de la querelle. Et maintenant, quant à la moralité, dans cette lutte où l’on compromet une jeunesse studieuse, d’un côté au nom de la liberté et du caprice, et de l’autre au nom de l’autorité et de la raison,