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plaît à le contempler, et qui obéit déjà à l’instinct de le reproduire soit mnémoniquement en lui, soit matériellement hors de lui, et celui qui aspire à perfectionner ses perceptions, chez qui l’instinct de perpétuer une sensation se change en une volonté expresse d’en reproduire la cause à l’aide de toutes ses facultés, recevront également du même objet la même sensation. Mais chez l’un elle sera élémentaire, chez l’autre elle sera complète ; pour le premier instinctive et rudimentaire, pour le second volitive et perfectionnée. D’un côté, c’aura été la sensation de l’homme, en général ; de l’autre, la sensation de l’artiste, en particulier. · La sensation instantanée, imparfaite, se traduira par l’art élémentaire. La sensation prolongée, perfectionnée, se traduira par l’art complet. L’instinct a trouvé les rudiments de l’art : la volonté en échafaudera les moyens. Pour comprendre donc comment les rudiments de l’art primitif ont engendré les moyens de l’art complet, et pour apprécier ceux-ci, il est nécessaire de montrer par où passe et doit passer la sensation de la nature extérieure, telle que ses facultés communes la procurent à l’homme, pour se transformer en celle que l’artiste acquerra par ses moyens particuliers. La meilleure manière d’apprécier l’intensité d’une sensation est de déterminer l’état de l’esprit au moment où cesse la cause qui l’avait produite. Il faut donc examiner quelle est la série des sensations causées à l’intelligence par suite de la vision.