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il est nécessaire d’examiner comment se comportent, vis-à-vis l’une de l’autre, la connaissance de la forme et celle de la couleur dans les sensations que font éprouver à notre œil les objets extérieurs.. L’homme est irrésistiblement porté, par sa nature, à connaître et à apprécier les manifestations du monde extérieur. Ce monde lui est sensible et appréciable par le secours de ses organes, et cela du moment où il existe, où il est lui, c’est-à-dire quand toutes les perceptions de tous les ordres vont aboutir et répondre à un centre commun. A mesure qu’il acquiert une conscience plus nette de son individualité, il acquiert aussi la faculté de choisir parmi toutes les perceptions qui l’assaillent. Dans les rapports de l’homme avec le monde matériel visible, ce choix consiste à percevoir par la vue la sensation de tel objet ou de telle combinaison d’objets plutôt que celle de tels autres. De plus, l’instinct naturel portant l’homme à prolonger toute sensation agréable ou nécessaire, il cherchera à perpétuer le charme ou l’utilité de certaines sensations en isolant, par la reproduction, l’objet qui les avait fait naître. Ceci, qui est un principe général d’art, est essentiellement le principe de l’art de la peinture. · L’intensité, l’influence de la sensation qu’un même objet fait éprouver à l’homme varie avec la durée de cette sensation et la perfection des organes percepteurs. Ainsi celui qui, frappé de la vue d’un objet, se