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peler la science de la peinture. — Toute page éminente ou vulgaire contient en soi tous les éléments de cette science, et n’existe qu’à la condition de les contenir, ceci tout à fait en dehors de sa valeur comme œuvre d’art. — Devant tout tableau, on peut se rendre compte de toutes les forces et de tous les ressorts dont dispose ce magnifique instrument mis aux mains de l’homme par la force des choses, et dont la puissance a pu parfois forcer le sanctuaire de la beauté éternelle. — Trop souvent, et surtout dans l’étude des anciens maîtres, une spéculation, inutile autant que constante, est venue s’appesantir sur la science en passant à côté du génie, et s’est complu à glorifier l’instrument autant qu’elle a méconnu les hommes. A une critique qui veut être utile l’analyse donc et la définition des moyens, mais aussi l’obligation formelle, vis-à-vis la fatalité de la science, de glorifier quand même la liberté du génie de l’art et de l’artiste. Lorsque nous voyons un objet quelconque, nous percevons deux sensations bien distinctes et cependant bien intimement unies, celle de la forme et celle de la couleur. La peinture, pour nous impressionner d’une façon analogue à celle de la nature extérieure, procède par l’expression de la forme et par l’expression de la couleur. La science repose donc sur ces deux bases : le dessin et le coloris. Or, dans la peinture de même que dans la nature, la forme et la couleur sont intimement unies, inséparables, et cependant causent chacune une sensation distincte. Pour bien apprécier cette intimité,