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Jusque là tout va bien. Mais viennent bientôt après les conséquences naturelles de ce dogmatisme spécieux, qui embrasse si mal la chose qu’il prétend si étroitement régir. Ces conséquences fatales sont, d’un côté, l’étude du dessin se débattant contre une fausse interprétation de la nature, puis l’emploi du dessin, entraîné irrésistiblement vers cette stérile culture du trait conventionnel qui veut à toute : force paraître savant et avoir raison aux dépens du style contre le goût, et, de l’autre côté, l’appréciation et la jouissance du dessin, qui en viennent à se préoccuper exclusivement des qualités d’adresse ou de science à priori, au lieu d’être vivement impressionnés par les beautés qui ont leurs racines au centre et dans l’intimité de l’œuvre elle-même. Et comment en pourrait-il être autrement ? Ne comptez jamais sur les errements de la pratique pour rectifier et suppléer les méprises et les insuffisances de la théorie. La pratique aussi est logicienne, et va intrépidement son train, quand elle ne doute pas de son point de départ. La pratique s’astreindra donc surtout à la rigueur du trait. Le plus parfait emploi du dessin, dans la peinture, sera pour elle l’exactitude de ce trait et l’exactitude des proportions. Si l’ouvrier a ses errements, ceux qui jugent le travail ont aussi les leurs, et voilà comment l’appréciation du dessin se trouvera aussi, par cela même, fatalement circonscrite, dans le cas le plus général, à admirer non l’exactitude du trait, dont elle ne peut juger, n’ayant pas sous les yeux le prototype, ni l’harmonie mathématique