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sur cette tête, Léonard, incroyable imitateur, a-t-il failli dans sa lutte consciencieuse avec les dernières réalités du modelé, a-t-il composé avec l’exactitude dans ses recherches extrêmes de la forme.. Voyez si le caractère plein d’une grâce étrange des sveltes et fuyantes créations du Rosso ou du Primatice ne contrastent pas avec le sentiment de ces contours si nets, si fermes, si profondément fouillés dont ils se complaisaient à les envelopper ? Pourquoi y verrions-nous ainsi la trace de tant de ténacité, si ces maîtres n’avaient là cherché à vaincre en précision, en finesse, les contours qu’ils voyaient dans la nature ! Holbein, exact au point d’être froid, scrupuleux au point d’être mesquin, n’est-il pas le même homme qui nous a pu donner cette danse de la mort, où l’imagination la plus fantastique le dispute à la plus positive adoption de la réalité ? Et Rembrandt, cette énergique personnification de la volonté dans l’art, pour avoir été dans son sens un imitateur acharné de la nature, en inspire-t-il moins une terreur sombre et mystérieuse quand il vous ouvre l’espace et l’obscurité, aussi bien qu’il vous ragaillardit et vous réchauffe, quand, de ces froides profondeurs, il vous rappelle avec sa force brutale et vous place brusquement sous un rayon étincelant de soleil ? Si tous ces hommes et tant d’autres, chacun dans son ordre, poursuivants incontestés de la nature et de la réalité, ont gagné dans leur poursuite une originalité propre, sympathique, fascinatrice, laisseznous compter au milieu d’eux Andrea del Sarte, ou