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qu’il nous paraît à nous si hardi et si original, et que nous éprouvons tant de difficultés et d’embarras à rompre l’ensemble de son œuvre pour en isoler et en admirer à part un morceau. La physionomie si particulière et l’unité si entière du talent de ce grand homme, soyez-en persuadés, n’offrent point tant de secrets et de mystères. Les partis simples donnent naissance aux plusvastes choses. Cet énorme résultat n’est que la conséquence immédiate d’une manière de procéder naïve et simple, chez un artiste d’un instinct fidèle et d’un grand bon sens. Avec ces qualités, qui peuvent paraître, à des discoureurs superficiels ou à des professeurs emphatiques, insuffisantes à faire trouver et à alimenter convenablement les plus belles productions de l’art, on est assez riche pour se pouvoir passer du reste. L’œuvre du tranquille Andrea n’est point glanée dans les mille trésors des productions étrangères et antérieures ; elle n’est même pas amassée dans les mille · trésors de la nature ; elle est rencontrée soudainement et valeureusement conduite à sa fin, avec ses énigmes et ses faiblesses sans doute, mais aussi avec ses grandeurs et sa vivante clarté. Ce que nous osons dire ici d’Andrea est tellement vrai, qu’on peut remarquer le même genre d’originalité frappante chez tous les hommes auxquels on est forcé d’accorder, plus qu’à lui-même, l’intention expresse d’imiter littéralement ce qu’ils ont vu. Quelle plus piquante création que le portrait de la Joconde ? Sur quelle toile le génie tout entier du subtil Léonard s’est-il davantage révélé ? Et cependantdant