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manière d’expliquer la chose, en dehors de ce qui l’appuie, a de moins élevé et de moins digne pour l’homme que toutes ces allégations gratuites d’une esthétique en démence. Mieux qu’elle, n’arrive-t-elle pas à embrasser l’unité de l’art et les sympathies générales qui en émanent ; mieux qu’elle aussi les · variétés de l’art et les goûts particuliers qui en dérivent ? Parce que Dieu a voulu que l’humanité fût une, l’art est un. Parce que Dieu a voulu que l’homme ait sa personnalité, l’art est multiple. Parce que Dieu a mis l’homme et l’humanité, chacun suivant ses forces et ses tendances, en possession de la nature, l’homme et l’humanité en admirent les beautés, en scrutent les lois et en découvrent les harmonies. Plus, dans ce spectacle inspirateur qui leur est offert, l’homme et l’humanité se passionnent, plus dans leurs œuvresils se proportionnentàl’ordre, à la beauté, à la grandeur de cette œuvre divine. Eh ! mon Dieu ! au naturalisme ainsi compris, à ce culte suivi en tout temps par les artistes dignes de ce nom, substituez, si vous le pouvez, un autre terrain d’opération. Mais ne venez pas nous dire, comme journellement on peut l’entendre, que vos doctrines nouvelles ont produit de nos jours, ou découvert dans les catacombes du passé, des artistes supérieurs par l’idée aux grands hommes dont nous vénérons la mémoire, mais inférieurs à eux par la science et par l’exécution. Idée, science, exécution, pour nous ne sont qu’un même terme. La tradition, que vous dédaignez, nous a appris cela. Celui qui n’a pas la science n’a pas l’idée, et qui a la science,