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sence de l’œuvre immortel des maîtres, de cet œuvre si merveilleusement varié, si profondément solidaire ; supposez qu’il soit désintéressé ; supposez qu’il ne soit pas affectionné à telle ou telle manière récréative de peindre ; supposez qu’il ne soit pas curieux de telle ou telle intention prétendue d’influence politique, sociale, religieuse ; croyez-vous’que cet œuvre le laissera froid et impassible ? Croyez-vous qu’il n’en verra pas jaillir cette manifestation souveraine de la beauté complexe et une, de la beauté successive et constante, devant laquelle tout œil se réjouit, devant laquelle tout cœur bat, devant laquelle tout esprit s’illumine ? Croyez-vous que, devant tous ces grands ouvrages de l’homme, il aura besoin d’avoir la tête remplie d’idées ténébreuses et de formules pédantesques pour leur assigner une cause ? Cet œuvre seul parlera plus haut que les mille voix discordantes qui le veulent expliquer : son intime signification arrivera mieux à la conscience. Oui, l’homme de notre supposition comprendra, en interrogeant sa propre organisation, que le sentiment humain a pu réaliser ces merveilles, à cause de la sublimité des dons que Dieu lui a faits, à cause du droit dont il l’a investi d’étudier la nature, d’en jouir, de l’admirer et de la transformer, dans son étude, dans ses jouissances et dans ses admirations, au gré de ses instincts. · L’œuvre tout entier de l’art est donc basé essentiellement sur la reproduction naïve de la nature, à la façon dont l’auteur de l’homme a voulu qu’il la pût reproduire. Nous n’apercevons pas ce que cette VI. I I