Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée

Est-ce à dire que nous aurions prétendu en définitive qu’Andrea del Sarte, si pur, si magistral, si plein d’impression et de poésie, eût travaillé d’après nature, exclusivement d’après nature ? Oui, certes ! Et nous défions les plus subtils, s’il faut trouver absolument quelque chose qui rende compte d’un résultat aussi élevé, d’apporter ici quoi que ce soit qui puisse l’expliquer aussi bien. Oui, c’est parce qu’Andrea fut l’admirateur franc et enthousiaste de la nature, qu’il en fut le sympathique, le poétique interprète *. Nous n’ignorons pas tout ce qu’il y a d’osé, dans un temps comme le nôtre, où l’on a si étrangement abusé, dans les discussions d’art, du mot de création, de venir affirmer que ce talent si indépendant et si homogène, dont les productions ont au plus haut degré le don de faire rêver, et de paralyser dans une muette admiration l’artiste qui s’efforce à les comprendre ; que ce talent, incessamment imprévu, présentant mille côtés vagues, indécis, mystérieux, ne procède pourtant rigoureusement que de la reproduction littérale de la nature ; littérale quant à l’aspect de la forme, au galbe, à l’ensemble. Aussitôt que les Raphaël, les Michel-Ange, les Vinci, les Giorgione, les Corrège, les Andrea del Sarte, tous contradictoires et distincts quant au tempérament et aux tendances, mais solidaires et » Nous avons dit ailleurs, à propos de deux hommes, bien forts aussi, à propos de Léonard et du Giorgione, de quelle manière procédait le travail du peintre en présence de la nature.