Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/577

Cette page n’a pas encore été corrigée

venir demander raison à ce grand homme des imperfections de son œuvre ; mais nous aimons mieux nous attribuer la tâche moins brillante et dont on se montre moins jaloux, de définir, scruter et apprécier la science contemporaine du dessin, en nous inclinant devant Andrea comme devant un des hommes qui ont au plus haut degré surpris souvent le secret de la beauté éternelle, de la beauté éternellement manifestée, éternellement sentie. Le divin caractère dont cet homme a marqué son œuvre est de produire une impression entière, une et presque instantanée. La divine force dont l’instinct de l’art a doté cet homme est d’atteindre à ce point difficile par l’unique emploi de l’élément le plus simple, et sans le secours des auxiliaires précieux à d’autres, inutiles à lui. Chez lui, pour centraliser l’attention et la retenir, nulle affectation et plein succès. C’était là, comme nous l’avons déjà fait ressortir, le problème posé par l’orgueilleuse école de Florence. Tous les maîtres s’exercèrent à le résoudre, et l’on peut dire que la méthode florentine toute entière se forma dans cet exercice. Mais si, dans cette âpre recherche, tous se développèrent, et si quelques-uns acquirent une force inouïe, aucun n’y réussit pleinement peut-être, si ce n’est Andrea. En effet, chez tous les forts et exclusifs dessinateurs de son école dont il est l’égal, on peut voir encore concourir à l’impression des ressources qui n’ont pas leur racine au centre du dessin.Ainsi Léonard, en même temps qu’il obtient sur sa toile toutes les finesses de la forme et du modelé, y