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par ses contemporains au grand dessinateur Andrea del Sarte. En présence d’une renommée aussi vierge, aussi sacrée, faudra-t-il obéir à ce fatal travers de notre époque par lequel une critique dissolvante, en s’essayant d’un côté à faire tomber nos plus chères idolesdupiédestal où le temps les ascellées, s’évertue de l’autre à déterrer dans la nécropole abandonnée de l’histoire on ne sait quelles obscures momies, prétendus créateurs qu’elle réussit parfois à affubler d’un nom, mais jamais d’une œuvre ? D’un tel attentat Dieu nous garde ! La vive sympathie, la reconnaissante admiration auxquelles le dessinateur de Florence dut son titre, n’a pas faibli chez nous, · à trois cents ans de distance. On ne tient aussi longtemps que ce qu’on doit garder. Pleins donc de respect encore pour le génie du vieux maître, et toujours saisis par la puissance de ses créations, nous nous bornerons à nous efforcer de comprendre la nature de son talent, et de décrire l’instrument dont il s’est servi dans son travail avec tant d’efficace et de sublimité. Certains que cet admirable interprète de la forme, que ce puissant metteur en œuvre du dessin, sortira de l’examen auquel nous allons nous livrer comme il en sortit autrefois à Florence, nous oserons chercher quel est le véritable sens à attacher à ce beau nom de Sans-erreur, dont il fut investi de son vivant, et sous lequel on le désignera encore après nous. Nous pourrions, qu’on en soit sûr, nous plaçant, comme d’autres se sont permis de le faire, au point de vue de la science et de la critique modernes,