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tures anciennes et modernes qu’il rencontra à Rome, et que la vue de tous ces élèves de Raphaël qui dessinaient avec un aplomb et une hardiesse qui lui ôtaient, à lui si timide, tout espoir de les surpasser, furent cause qu’il s’effraya et se hâta de retourner à Florence. C’est là qu’en méditant peu à peu sur ce qu’il avait vu, il perfectionna son talent au point que ses ouvrages sont très-estimés et très-admirés, et qu’il eut plus d’imitateurs après sa mort que pendant sa vie. Les personnes qui ont de ses tableaux les conservent précieusement, et celles qui en possédaient, et qui ont voulu les vendre, en ont tiré trois fois plus qu’elles ne les lui avaient achetés ; car il les céda toujours à très-bas prix, tant à cause de sa timidité que parce que certains sculpteurs, qui exécutaient les ameublements des maisons des citadins, commençaient par servir leurs amis, et n’avaient recours à lui que quand ils le savaient tout à fait dans le besoin, et alors il se contentait du moindre salaire. Mais cela n’empêche pas que ses productions ne soient très-précieuses, et à bon droit estimées : n’est-il pas, en effet, un des plus grands et des meilleurs maîtres qui aient existé jusqu’à présent ? — • « • Nous avons, dans notre collection, plusieurs trèsbeaux dessins de sa main, et entre autres celui de la fresque de Poggio-a-Caiano, où il représenta César recevant en tribut tous les animaux d’Orient. Ce dessin est en clair-obscur, et le plus fini qu’Andrea ait jamais fait, attendu qu’en dessinant d’après nature il se contentait d’un croquis rapide, qui lui