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Il se mit au lit sans savoir quel remède appor. ter à son mal, abandonné qu’il fut des médecins et de sa femme, que la crainte de la peste tint éloignée de lui autant que possible. Il mourut, dit-on, sans que presque personne s’en aperçût. Les membres de la confrérie dello Scalzo déposèrent, sans aucun appareil, sa dépouille mortelle dans leur sépulture ordinaire de l’église des Servites, qui est située non loin de la maison qu’il habitait. Il avait alors quarante-deux ans. Sa mort fut une perte immense pour les arts et pour sa patrie, car jusqu’à son dernier jour il ne cessa de marcher de progrès en progrès, de sorte que plus il aurait vécu, plus il aurait élargi les limites de l’art. En procédant ainsi par degrés, le talent se développe bien mieux, et surmonte bien plus sûrement les difficultés qu’en voulant forcer tout d’un coup la nature. Il est certain que si Andrea se fût fixé à Rome lorsqu’il y alla pour voir les restes de l’antiquité et les ouvrages de Raphaël et de Michel-Ange, il aurait donné à ses compositions plus de richesse et de grandeur, et à ses figures plus de finesse et de force ; qualités que personne n’a jamais possédées complètes sans s’être livré à Rome à de sérieuses études et à de hautes méditations. Pour surpasser tous les artistes de son temps, un long séjour dans cette ville était donc la seule chose qui manquait à Andrea, dont le dessin était naturellement pur et gracieux, et le coloris chaud et facile, aussi bien dans ses fresques que dans ses tableaux à l’huile. On croit que l’abondance des sculptures et des pein