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Nous avons dit plus haut qu’Andrea s’était engagé à orner d’une Sainte Cène le réfectoire de SanSalvi, à l’époque où il y peignait quatre figures de saints et une représentation de la Trinité. Cette promesse avait été oubliée depuis plusieurs années par les moines, lorsqu’un abbé, homme d’esprit et de jugement, s’en souvint, et voulut qu’Andrea la réalisât. Notre artiste n’opposa aucune résistance, et, tout en travaillant à son loisir, acheva en peu de mois cette fresque, qui est regardée à bon droit comme le morceau le plus facilement dessiné et le plus vigoureusement colorié qu’il ait jamais fait, et même qui se puisse faire (2o). Tous les personnages ont une telle grandeur, une telle majesté et une grâce si inouïe, que les paroles me manquent pour parler convenablement de ce chef-d’œuvre, qui frappe de stupeur tous ceux qui le voient. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il ait été respecté l’an 1529, pendant le siége de Florence, par les soldats et les gastadours, qui détruisirent les faubourgs de la ville, et tous les monastères, les hôpitaux et les édifices environnants. Ces démolisseurs avaient déjà abattu l’église et le clocher de San-Salvi, avec une partie du cloître, quand ils arrivèrent devant le cénacle du réfectoire. A la vue de cette merveilleuse peinture, leur chef les arrêta, et leur ordonna d’épargner le reste du couvent, se réservant d’en venir à cette extrémité lorsque les circonstances de la guerre l’exigeraient impérieusement (21). Andrea peignit ensuite sur une bannière, pour la confrérie de San-Jacopo, dite il Wicchio, un saint