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la conviction que l’entreprise lui était allouée, partit avec Domenico Puligo et plusieurs autres peintres de ses amis. Mais, arrivé à Prato, il trouva Niccolò qui, non content de s’être emparé de l’esprit de Messer Baldo, eut encore l’impudence de proposer de parier une somme qui, disait-il, serait adjugée à celui d’entre eux qui produirait la meilleure peinture. Andrea, connaissant la juste valeur de Niccolò, lui répondit, malgré sa timidité habituelle : « Voici mon apprenti qui n’est à l’atelier « que depuis peu ; si tu veux t’escrimer avec lui, « je parierai pour son compte ; mais quant à moi, « pour rien au monde, je ne consentirai à lutter « avec toi ; car vainqueur, je n’en retirerais aucun « honneur, et vaincu, je serais couvert d’une honte « ineffaçable. » Puis s’adressant à Messer Baldo : « Donnez l’ouvrage à Niccolò, il s’en acquittera, je « vous jure, de façon à plaire à ceux qui vont au « marché ; » et du même pas il revint à Florence, où on lui commanda pour Pise un tableau divisé en cinq compartiments, qui alla orner la Madone de sainte Agnès, le long des murs de la ville, entre la vieille citadelle et la cathédrale. La Madone miraculeuse se trouve placée entre deux de ces compartiments qui représentent saint Jean-Baptiste et saint Pierre. Dans les trois autres, Andrea peignit sainte Agnès martyre, sainte Agnès et sainte Marguerite. Ces figures de femmes sont regardées comme les plus gracieuses et les plus belles qui soient jamais sorties de sa main.. Messer Jacomo, frère Servite, avait absous une