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qui lui avaient été mandés de Rome, de Venise et de Lombardie. Un jour, il en faisait les plus grands éloges, lorsqu’on lui dit qu’il serait facile d’attirer Andrea à son service. Le roi, auquel ce projet souriait infiniment, donna des ordres pour qu’il se réalisât, et pour qu’on remît à Andrea tout l’argent nécessaire à son voyage. Notre artiste partit donc joyeusement pour la France, où il emmena avec lui son élève Andrea Sguazzella. Arrivés à la cour, nos deux Florentins furent accueillis par Sa Majesté avec une rare faveur. Dès le premier jour, Andrea éprouva les effets de la libéralité de ce prince magnanime, qui lui fit présent de bonnes sommes d’argent et de riches habits. Il ne resta pas longtemps oisif, et bientôt il se vit tellement fêté par tout le monde, qu’il lui semblait avoir passé d’une extrême misère à l’état le plus heureux. Un de ses premiers tableaux fut le por trait du Dauphin, à peine âgé de quelques mois, qui lui fut payé trois cents écus d’or. Il peignit ensuite une Charité, que le roi estima autant qu’elle le méritait (9). Pour retenir notre artiste, dont le talent souple et facile lui plaisait, François lui assigna une grosse pension et lui promit que tous ses désirs seraient satisfaits. Andrea avait su, en outre, gagner les bonnes grâces des courtisans, pour lesquels il exécuta de nombreux travaux. Certes, s’il eût sérieusement pesé son ancienne condition et celle que le sort venait de lui fournir, il n’aurait pas manqué d’arriver au rang le plus brillant, sans parler des richesses qu’il aurait amassées.Mais, un jour