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véhémence vers saint Pierre, qui, avec un geste terrible, brandit un livre ouvert. Saint François d’une main tient un livre et de l’autre se presse la poitrine. Il est animé d’une si ardente ferveur, que son âme se fond pour ainsi dire dans ses paroles. Le saint Sébastien est nu, et paraît plutôt vivant que peint. Il y a en outre un saint Laurent qui écoute ses aînés avec la modestie et la déférence qui conviennent à un jeune homme. Des deux figures agenouillées qui occupent le bas du tableau, nous citerons la Madeleine, qui est le portrait fidèle de la femme d’Andrea ; car il ne peignait jamais une femme que d’après la sienne, et si par hasard il prenait un autre modèle, il arrivait presque toujours à reproduire l’image de sa Lucrezia, par l’habitude qu’il avait de la dessiner, de l’avoir devant les yeux, et plus encore dans son esprit. Des nombreux ouvrages à l’huile d’Andrea, celui-là est à bon droit considéré par les artistes comme le meilleur, tant y brillent la science des proportions et la justesse de l’expression. Les têtes de jeunes gens y respirent la douceur, celles des vieillards la dureté, et celles des hommes mûrs participent de ces deux caractères. En somme, cette composition est d’une rare beauté dans toutes ses parties. Elle est aujourd’hui à San-Jacopo-tra’-Fossi, avec d’autres peintures du même auteur. Tandis qu’Andrea vivotait misérablement à Florence du produit de ces ouvrages, les deux tableaux qu’il avait envoyés en France étaient vus par François I « , qui les jugeait bien supérieurs à tous ceux