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d’une beauté merveilleuse et ses nus supérieurement exprimés. Enfin la simplicité de son dessin n’ôte rien à l’exquise perfection de ses peintures. Andrea, que l’on appela toujours del Sarto, à cause du métier de tailleur qu’exerçait son père, naquit à Florence, l’an 1488 (1). À l’âge de sept ans il fut retiré de l’école, où il apprenait à lire et à écrire, et mis en apprentissage chez un orfévre ; mais il montra beaucoup plus de goût pour le dessin que pour le maniement des outils qui servent à travailler l’or et l’argent. Gian Barile, peintre florentin, ayant remarqué les heureuses dispositions du jeune enfant, lui fit abandonner l’orfévrerie et se chargea de le diriger vers la peinture, Andrea entra avec joie dans cette carrière pour laquelle il était facile de reconnaître qu’il était né. Ses progrès furent si rapides, que Gian Barile et les autres artistes de la ville en furent émerveillés. Trois années s’étaient à peine écoulées, que Gian Barile, bien certain qu’Andrea était appelé à un succès extraordinaire s’il persévérait dans la même voie, le plaça auprès de Piero di Cosimo, qui passait pour l’un des meilleurs peintres de Florence. Andrea se livra à l’étude avec une ardeur infatigable, et se trouva, du reste, si puissamment aidé par la nature, qu’il peignait avec le même aplomb que s’il n’eût jamais fait autre chose depuis cinquante ans. Aussi Piero di Cosimo conçut-il pour son élève une vive affection. C’était avec un souverain plaisir qu’il le voyait consacrer toutes les heures dont il pouvait disposer,