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courent à y imprimer un caractère de vérité. Dans le cas dont il s’agit, l’historien, étroitement lié avec Michel-Ange, publie un récit dans lequel son ami était intéressé, et sur un fait arrivé à Rome peu de temps avant qu’il commençât à écrire : il est donc difficile de croire que ce soit précisément un conte en l’air. On peut supposer quelques exagérations dans les circonstances : nous les désapprouvons volontiers, ainsi que ces traits de plume par lesquels notre auteur tend à avilir l’un des plus beaux talents de l’école lombarde. Il est certain, en effet, que le Boccaccino est, sur son terrain, un homme de l’ordre du Ghirlandaio, du Mantègne, de Pérugin et de Francia. C’est beaucoup, mais ce n’est pas trop dire. Pour ce qui est de Cammillo, son fils, il faut admettre aussi que ce fut un très-grand peintre. Formé à l’école de son père et dans ses vieux principes, il n’en parvint pas moins, et malgré sa mort prématurée, à se créer un talent magnifique, où la grâce se mêle intimement à la force. Dessinateur plein de mouvement et d’énergie, coloriste plein de suavité et de lumière, on pourrait l’égaler peut-être au Corrège ; et ce qui est certain, c’est que quelques hommes, fort compétents et fort désintéressés, comme le Lomazzo et le Lanzi, par exemple, ont osé le faire.