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une des gloires de leur école. Scanelli, dans le Microcosme ; Lamo, dans le Discours sur la Peinture ; Campi, dans son Histoire, et Zaist, dans sa Dissertation, démentent à qui mieux mieux les mordantes imputations du Vasari. On pense bien que nous sommes assez indifférents au sujet de cette grande querelle. Si le Crémonais se laisse emporter à une jalousie blâmable, cela ne saurait nous prévenir contre son mérite, loin de nous le faire révoquer en doute. La gent artiste est hargneuse. Les plus inconcevables mesquineries se remarquent quelquefois chez les plus grands caractères et les plus beaux talents. Le Crémonais jalousait Michel-Ange, qui valait mieux que lui. Mais Michel-Ange lui-même n’en a-t-il point jalousé qui ne le valaient pas ? Et vraiment, sur un fait aussi ordinaire dans l’histoire des artistes, nous n’insisterions pas, si, en le rétorquant, les écrivains lombards n’avaient pas cru trouver un thème aux déclamations les plus gratuites sur la partialité et l’injustice de notre auteur. Il paraît qu’ils ont réussi à mettre le Vasari en contradiction avec lui-même par les dates qu’il assigne à son récit. Mais, à ce propos, Lanzi fait quelques observations fort sages. Il est dans les allures d’un historien peu scrupuleux de rapporter parfois la substance d’un fait en le revêtant de circonstances ou de temps, ou de lieu, ou de forme, qui n’ont point de fondement. L’histoire ancienne est remplie de ces exemples. La critique la plus sévère ne peut rejeter un fait par la seule raison que quelques détails en auraient été altérés, lorsque des probabilités d’un plus grand poids con-