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qu’il n’avait su en acquérir auparavant en beaucoup d’années et avec mille fatigues, car Dieu, les hommes et la fortune lui furent favorables ; et, s’il eût vécu plus long-temps, il aurait encore mieux réparé les injures que la violence du sort lui avait causées au moment où il produisait ses chefs-d’œuvre. Mais, l’an 1541, il mourut de la fièvre, à l’âge de quarante-sept ans. Sa perte affligea vivement ses nombreux amis, pour qui il s’était constamment montré bon et serviable.

Sa vie ayant toujours été celle d’un homme de bien, on lui accorda à Saint-Pierre une sépulture honorable, sur laquelle on grava cette épitaphe :

Sculptori Laurentio Florentino.

Roma mihi tribuit tumulum, Florentia vitam ;
Nerao alio vellet nasci et obire loco.
MDXLI.

Vix. Ann. XLVII. Men. II. D. XV.

Vers le même temps, Boccaccino, né à Crémone, s’était acquis dans toute la Lombardie la réputation d’un peintre rare et excellent. On estimait grandement tout ce qui sortait de ses mains, lorsqu’il se rendit à Rome pour voir les ouvrages si célèbres de Michel-Ange ; mais il ne les eut pas plus tôt regardés qu’il chercha à les déprécier, s’imaginant qu’il parviendrait à s’élever lui-même en décriant un homme si éminent. On lui confia la décoration de la chapelle de Santa-Maria-Traspontina. Quand il eut découvert son travail, ceux qui s’attendaient à le voir planer audacieusement au plus haut des deux s’a-