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de sa main, mais il ne fit qu’un seul tableau dans le palais, Perino ayant achevé seul tout le reste.

De retour à Venise, le Pordenone fut engagé à entrer au service d’Ercole, duc de Ferrare, qui manquait de bons dessinateurs pour exécuter les cartons des tapisseries qu’il voulait faire tisser en soie, en or, en filoselle et en laine par les maîtres qu’il avait amenés d’Allemagne. Ercole avait bien sous la main Girolamo de Ferrare ; mais celui-ci était plus propre à peindre des portraits que des sujets guerriers qui réclament toute la force de l’art et du dessin. Excité par l’espérance d’acquérir non moins de gloire que de fortune, le Pordenone abandonna donc Venise et se rendit à Ferrare, où Ercole l’accueillit de la manière la plus flatteuse. Malheureusement, peu de temps après son arrivée, il fut assailli de cruelles douleurs de poitrine qui le forcèrent de se mettre au lit à demi mort. Le mal alla toujours en augmentant, et, au bout de trois jours à peu près, le conduisit au tombeau. Il était âgé de cinquante-six ans. Sa mort étonna le duc et ses amis, et on ne fut pas sans l’attribuer au poison. On lui fit d’honorables funérailles. Il fut très-regretté surtout à Venise.

Le Pordenone aimait la musique avec passion, était versé dans la littérature latine, avait une conversation pleine de vivacité et d’agrément, et comptait de nombreux amis.

Il se plaisait à peindre de grandes figures. Ses tableaux étaient extrêmement riches d’invention. Il réussissait également bien à peindre tous les