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distribuant des aumônes aux pauvres, et au-dessus d’un autel, saint Sébastien accompagné de saint Roch et d’autres saints. Ce tableau est beau sans doute, mais il est loin d’égaler celui du Titien, malgré la préférence que quelques personnes lui accordent, plutôt par malignité que par justice.

Dans le cloître de Santo-Stefano, le Pordenone fit à fresque plusieurs sujets de l’Ancien-Testament, et un du Nouveau, séparés par diverses figures allégoriques de Vertus, remarquables par la hardiesse des raccourcis. Il affectionnait ce genre de difficultés qu’il introduisit dans toutes ses compositions, et dont il se tirait mieux qu’aucun autre peintre.

Le prince Doria avait construit à Gènes un palais dont le célèbre Perino del Vaga ornait, par son ordre, tous les salons, les chambres et les antichambres de peintures à l’huile et à fresque d’une richesse et d’une beauté merveilleuses. Afin d’aiguillonner l’ardeur de Perino qui se ralentissait faute de concurrence, le prince appela le Pordenone qui commença par représenter, sur une terrasse, des enfants occupés à décharger des objets maritimes qui remplissent une barque. Il peignit, en outre, Jason prenant congé de son oncle avant de partir pour la conquête de la Toison d’or. Mais Doria, choqué du contraste que produisaient les ouvrages de Pordenone à côté de ceux de Perino, remercia notre artiste et manda à sa place un peintre plus habile, Domenico Beccafumi de Sienne. Pour s’attacher à un si grand prince, ce maître n’hésita pas à quitter sa patrie où l’on voit tant de chefs-d’œuvre