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avec toute la conscience possible : aussi sont-ils dignes d’être éternellement admirés.

Les surintendants de San-Rocco l’ayant chargé de peindre à fresque la chapelle et toute la tribune de cette église, il fit dans la tribune Dieu le Père environné d’une multitude de petits enfants, dont les attitudes sont aussi belles que variées. Dans la bordure, il plaça huit figures de l’Ancien-Testament, dans les angles, les quatre Évangélistes, sur le maître-autel, la Transfiguration du Christ, sur les côtés, dans les deux hémicycles, les quatre Docteurs de l’Église (7) ; et au milieu du temple deux grands tableaux, dont l’un montre le Christ guérissant des malades (8), et l’autre, saint Christophe portant l’enfant Jésus sur ses épaules. Enfin, sur le tabernacle de bois où l’on serre les ornements d’argent, il fit un saint Martin à cheval en compagnie d’une foule de pauvres : cet immense travail fut couvert d’éloges. Il valut au Pordenone honneur et profit, et fut cause que Messer Jacopo Soranzo rechercha son amitié, et lui fit allouer en concurrence du Titien, la salle de’ Pregai, où il exécuta un grand nombre de belles figures en raccourci, et une frise de monstres marins. Le sénat fut tellement satisfait de ces peintures, qu’il assigna à leur auteur une honorable pension qui lui fut servie jusqu’à son dernier jour.

Comme le Pordenone saisissait avec empressement toutes les occasions qu’il rencontrait de travailler dans les lieux où le Titien s’était déjà exercé, il peignit à San-Giovanni-di-Rialto, un saint Jean