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pour son talent. Et, de même qu’on lui avait changé son nom, le hasard voulut qu’on lui assignât une autre patrie que la sienne. Son long séjour à San-Daniello, village situé à dix milles d’Udine, et où il se maria, fut cause qu’on l’appela toujours, non Martino d’Udine, mais Pellegrino de San-Daniello.

Il fit à Udine un grand nombre de peintures, parmi lesquelles subsistent encore celles dont il orna les volets du vieil orgue. À l’extérieur de ces volets il représenta saint Pierre assis et remettant le bâton pastoral à saint Ermagoras, accompagné d’une multitude de personnages. De l’autre côté des mêmes volets, il figura les quatre Docteurs de l’Église.

Dans la chapelle de San-Giuseffo, il laissa un tableau à l’huile, dessiné et colorié avec beaucoup de soin, renfermant saint Joseph dans une belle et grave attitude, et l’enfant Jésus avec saint Jean-Baptiste vêtu en berger. Cet ouvrage est très-estimé. On peut croire, comme on le prétend, que Pellegrino l’exécuta avec toute l’application imaginable, pour surpasser le saint Marc de Martini dont nous avons parlé plus haut. Ajoutons que ses efforts furent couronnés par le succès. Il fit également à Udine, chez Messer Pre Giovanni, agent des illustres seigneurs della Torre, une Judith tenant la tête d’Holopherne, et sur le maître-autel de l’église de Santa-Maria, à Civitale, un immense tableau à l’huile, divisé en quatre compartiments, contenant quelques têtes de vierges et diverses figures d’une grande beauté. Enfin, dans une chapelle de l’église de Sant’-Antonio, à San-Daniello, il peignit à fresque une