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GIOVAN-ANTONIO LICINIO DE PORDENONE

ET AUTRES PEINTRES DU FRIOUL.

Comme nous l’avons déjà dit ailleurs, la nature, cette généreuse mère, prodigue parfois ses dons les plus rares aux contrées qui jusqu’alors en avaient été sevrées. Parfois encore elle y fait naître des hommes si heureusement organisés pour la peinture, qu’ils arrivent au plus haut degré de talent sans le secours d’aucun autre maître qu’elle-même. Et souvent, à peine un seul artiste a-t-il paru, qu’aussitôt s’élèvent autour de lui une foule de rivaux qui, enflammés d’une noble émulation, se livrent à de tels travaux, qu’ils obtiennent des résultats merveilleux, sans avoir visité Rome, Florence ou quelque autre ville pleine de chefs-d’œuvre. C’est ce qui est advenu dans le Frioul, qui, de nos jours, a vu ainsi commencer une multitude d’excellents peintres, après en avoir été privé pendant des siècles.

Parmi les élèves que Giovan Bellini rassembla dans son école, à Venise, il compta Pellegrino, d’Udine, appelé ensuite de San-Daniello, et Giovanni Martini, d’Udine. Ce dernier observa toujours la manière du Bellini. Elle avait tant de crudité et de sécheresse, que Martini, malgré son fini