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régularité et serait parfaite dans toutes ses parties, ce qui eût été facile à réaliser. Mais, selon ce que j’ai entendu dire par d’anciens amis d’Andrea, il combattait ce reproche en alléguant qu’on voyait la meme chose à la Ritonda [1] de Rome. Néanmoins, beaucoup d’artistes, et particulièrement Michel-Ange, pensent que la Ritonda est l’ouvrage de trois architectes, et qu’ainsi on doit en attribuer les défauts au manque d’unité. Certes, aujourd’hui les maîtres ne tomberaient point dans de semblables erreurs, pour s’excuser ensuite comme faisait Andrea.

Après ce travail, Andrea fut chargé par la famille des Corbinelli de construire dans la même église la chapelle del Sagramento.

Il imita dans ses bas-reliefs Donato et d’autres grands maîtres, et ne s’épargna aucune fatigue pour se faire honneur. Dans deux niches qui sont de chaque côté d’un magnifique tabernacle, il plaça saint Jacques et saint Matthieu. Ces figures ont environ une brasse de hauteur, et se recommandent par une foule de bonnes qualités.

Deux anges d’une beauté merveilleuse, et un petit Christ nu qui ne saurait être plus gracieux, complètent cet ouvrage. Plusieurs petits sujets, délicatement traités, ornent le gradin et le tabernacle ; mais, si l’on veut apprécier tout le mérite de cet habile artiste, il faut considérer l’ensemble de cette chapelle, dont l’exécution et les proportions sont telles, qu’on serait tenté de la croire taillée dans un seul

  1. Le Panthéon