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chose pour ces hommes exigeants qui sont si communs. Il leur faudrait, en outre, des garanties de précision, de facilité, de goût, de patience, de réflexion et d’imagination, promettant des œuvres complètes ; le tout probablement pour bannir des arts la médiocrité, que ces hommes supérieurs voudraient n’y pas voir tolérer. Le vrai est, qu’en bien d’autres choses, les plus flatteuses places pour les hommes médiocres ne manquent pas, et qu’ainsi cette proscription n’est, au fond, qu’une hospitalité jalouse. Aussi rien de plus touchant que de voir les efforts de ces conseillers, auxquels rien ne coûte et que rien n’arréte, lorsqu’ils bâtissent à l’art un piédestal si élevé, que le plus monstrueux orgueil pourrait seulement espérer y atteindre.

Ce n’est pas, d’ailleurs, qu’on ne verrait avec joie les artistes se multiplier et l’art se populariser. Au besoin on aidera et on applaudira à ce mouvement, qui redonnerait aux arts leur glorieuse importance. Les grands travaux du siècle de Léon X siéraient à une époque comme la notre. Mais, malgré tout cela, ou plutôt à cause de tout cela même, point de raisons, point de prétextes pour se faire artiste sans la condition expresse d’avoir de son état au moins la vocation.

Grosse banalité qui répond si péremptoirement à cette question incessante : — Si l’art s’en va ?

Donc la vocation est la condition sine quá non pour embrasser la carrière de l’art. L’intelligence qui, sans ce don magique, osera aborder le vaste champ de l’art, s’y verra, comme une plante stérile