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Antonio, son frère aîné, voulant le pousser dans cet art pour lequel il paraissait avoir un goût naturel, l’appela à Bologne où lui-même étudiait. Timoteo habita longtemps cette noble ville. Il y fut libéralement hébergé par le magnifique Messer Francesco Gombruti, et il y vécut constamment avec des gens de mérite qui surent bientôt apprécier ses qualités.

Au bout de peu de mois, quelques portraits d’amis, qu’il peignit avec un rare succès, montrèrent qu’il avait plus de dispositions pour la peinture que pour l’orfèvrerie. Son frère, afin de seconder son génie, l’engagea alors à quitter la lime et le ciseau et à se livrer entièrement à l’étude du dessin. Timoteo reçut ce conseil avec une joie extrême, et commença aussitôt à copier tous les meilleurs ouvrages de la ville. Il se lia étroitement avec les peintres, et fit chaque jour des progrès d’autant plus merveilleux, qu’il apprenait facilement les choses les plus difficiles sans être dirigé particulièrement par un maître. Amoureux de son art, dont il avait surpris de nombreux secrets en voyant parfois travailler quelques peintres médiocres, il se mit hardiment à peindre, guidé surtout par la nature. Il prit une manière infiniment gracieuse et très-semblable à celle de Raphaël, son compatriote, bien qu’il n’eût vu à Bologne que peu de productions de la main de ce nouvel Appelles. Après divers essais heureux sur panneaux et sur muraille, Timoteo, voyant que tout lui réussissait à souhait, aborda les parties les plus ardues de l’art avec tant de courage, qu’il ne tarda pas à se trouver entouré de l’estime