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traignirent à retourner à San-Gimignano sa patrie. Là, privé de l’air vivifiant et inspirateur de Rome, il sentit diminuer son amour de l’art, et, dans son abattement, il ne fit plus que des ouvrages sur lesquels je me tairai, afin de ne pas ternir la renommée qu’il avait d’ailleurs justement acquise. Il me suffit que l’on voie clairement combien les violences de la guerre sont contraires à l’épanouissement du génie. Un compagnon de Vincenzio, appelé Schizzone, nous en offre encore un exemple. Ce peintre avait exécuté au Borgo, au Campo-Santo de Rome et à Santo-Stefano-degl’-lndiani, plusieurs morceaux fort estimés, lorsque la méchanceté de la soldatesque le força de renoncer à son art, et bientôt après lui fit perdre la vie. Vincenzio mourut à San-Gimignano, accablé d’une tristesse qu’il n’avait pu chasser depuis son départ de Rome.

Timoteo naquit à Urbin, de Bartolommeo dellaa Vite, honorable citoyen, et de Calliope, fille de Maestro Antonio Alberto, de Ferrare, très-bon peintre dans son temps, comme le prouvent les ouvrages qu’il a laissés à Urbin et ailleurs.

Bien jeune encore, Timoteo perdit son père, et resta sous la direction de sa mère Calliope, dont le nom était d’un bon et heureux augure ; car Calliope est une des neuf muses, et la peinture et la poésie ont une grande conformité entre elles. Timoteo, élevé avec soin par sa prudente mère, qui le dirigea vers l’étude du dessin, eut le bonheur de paraître au moment où florissait le divin Raphaël Sanzio. Il apprenait l’état d’orfévre, lorsque Messer Pier-