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peu d’années, par les ministres de cette église  (1). S’il est vrai que tout se conduit à bonne fin dans les monastères où règnent la concorde et la paix, il est vrai aussi qu’au contraire rien n’arrive à perfection, là où dominent l’ambition et la discorde ; car autant un homme bon et sage construit en cent ans, autant un ignorant grossier et insensé détruit en un jour. Le sort semble vouloir bien souvent que les gens ineptes et incapables d’apprécier les choses de mérite soient ceux qui commandent et gouvernent, ou plutôt qui détruisent tout, comme l’a dit l’Ariosto avec tant de vérité, au commencement de son dix-septième chant, en parlant des princes  (2). Mais, pour en revenir à Benedetto, ce fut un très-grand malheur que tant de travaux et de dépenses aient été ainsi perdus. Il donna ensuite le dessin de la porte et du vestibule de l’abbaye de Florence, et construisit plusieurs chapelles, et entre autres celle de Santo-Stefano pour la famille des Pandolfini.

Enfin Benedetto fut appelé en Angleterre au service du roi, dont il sculpta le tombeau. Ce prince le chargea de nombreux travaux en marbre et en bronze, et le récompensa avec une libéralité qui le mit à même de vivre à l’aise le reste de ses jours. Il retourna alors à Florence où il fit peu de chose, car bientôt les vertiges qui en Angleterre avaient commencé à lui donner mal aux yeux et d’autres infirmités causées, dit-on, par le feu près duquel il restait en fondant ses métaux, le privèrent complètement de la vue. Il cessa donc de travailler environ vers l’an 1550, et mourut quelques années après.