Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/425

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’an 1515, les supérieurs de l’ordre de Vallombrosa, ayant résolu de transférer le corps de saint Giovanni Gualberto de l’abbaye de Passignano dans l’église de la Santa-Trinità de Florence, demandèrent à Benedetto le dessin d’une chapelle et d’un tombeau. Des niches placées entre des pilastres chargés d’ornements et de grotesques finement sculptés devaient renfermer des statues grandes comme nature. Le soubassement, haut d’une brasse et demie, aurait représenté des sujets tirés de la vie de saint Giovanni Gualberto. Benedetto, aidé par plusieurs sculpteurs, travailla pendant dix années consécutives à ce tombeau, qu’il acheva avec tous les accessoires dans les maisons del Guarlondo, lieu voisin de San-Salvi, hors de la porte alla Croce où habitait presque toujours le général de l’ordre qui subvenait à ces énormes dépenses. Cet ouvrage émerveilla Florence. Mais, hélas ! les marbres et les chefs-d’œuvre des hommes de talent sont soumis à la fortune ! La discorde régna parmi les moines, leur gouvernement vint à changer, et l’œuvre de Benedetto resta imparfaite dans le même lieu jusqu’en 1530. À cette époque, la guerre étant allumée autour de Florence, les soldats détruisirent tous ces travaux et détachèrent méchamment les têtes de ces statues précieuses. Tout fut tellement ruiné et saccagé, que les moines vendirent ensuite les débris à vil prix. Ceux qui voudront connaître ce qui en reste peuvent aller visiter l’œuvre de Santa-Maria-del-Fiore où se trouvent quelques morceaux qui ont été achetés comme marbres brisés, il y a