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géants qui se trouvent encore engagés dans les derniers volumes du Vasari, comme le Titien, Andrea del Sarte et quelques autres, nous acceptons de grand cœur le soin de nous occuper de ces hommes, et de tâcher de rappeler leurs vies pleines d’œuvres fortes et de conseils importants, à l’estime et à l’attention de nos lecteurs. Il est un fait incontestable, c’est que, à peine la mémorable réalisation des artistes principaux du seizième siècle fut-elle accomplie, il s’offrit un double spectacle : d’un côté, se continuèrent des œuvres consciencieuses et saines, où la science et l’inspiration des maîtres se conservèrent dans une admirable intégrité ; d’un autre côté, se produisirent des tentatives présomptueuses et folles, où le pédantisme et la manière des académistes des bas siècles de l’art se firent pressentir douloureusement. Sans les allures arrogantes, les recherches creuses, les principes relâchés, les misérables séductions de ceux qui nous léguèrent ces derniers et contagieux exemples, combien de temps l’art eût-il tenu dans sa voie glorieuse, dans sa direction naïve ? Sans la constance, la simplicité et le nerf qui s’obstinaient à se montrer dans les premiers, en combien de temps l’art eût-il été définitivement abîmé ? Entre ces deux actions formidables, entre ce double effort du bon sens qui persiste et de la manie qui s’exaspère, l’art nous a été livré tel quel. Au moment précis où l’art, monté au faîte, n’eut plus à s’accroître, mais bien à se défendre, commence, à bien dire, notre vraie tradition.

Il n’est pas besoin de remonter aux premiers temps