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de Saint-Pierre de Rome, et tout en nous gardant soigneusement de déprécier les talents les plus inviolables en les opposant indiscrètement les uns aux autres, nous pouvons affirmer que Baldassare Peruzzi s’est au moins tenu à la hauteur du Bramante et du Buonarroti.

Au reste, en admettant que cette difficulté d’agir, dans la sphère la plus élevée de l’art, doive tout entière être attribuée au tempérament irrésolu et modéré de Baldassare, comme on l’a dit, il n’est pas indifférent d’en signaler les conséquences ; car ces conséquences, toutes fâcheuses pour l’artiste, ont été on ne peut plus avantageuses pour l’art. Comme nous venons de le remarquer, Baldassare se retrouvait tout entier dans l’atelier. Non seulement il y creusait la théorie de l’architecture ; non seulement il approfondissait et vulgarisait les mathématiques et la perspective, encore enfouies dans les livres indigestes et peu abordables du quatorzième et du quinzième siècle, mais encore, frappé du lien qui pouvait unir ces sciences à la peinture, cette première passion de sa jeunesse, il créait à lui seul l’art du décorateur.

Ses immenses concertions d'architecture feinte, ses pompeux appareils, ses machines ingénieuses pour les fêtes et les premiers drames de l’Italie régénérée, excitèrent un grand mouvement dans les esprits et furent récompensés d’une admiration qui nous répond de leur mérite, quoi qu’on ait pu imaginer depuis pour nous en faire rabattre. Ce n était pas un petit effort que de se faire applaudir